jeudi 7 avril 2011

Sirènes de nuit

Il ne fallait pas les regarder.
Il ne fallait pas les écouter.

Leurs voix coulaient des miels à t'engourdir le corps pour mille délices aux glisses subtiles.
Elles te grandissaient en plaisirs succédant t'entêtant l'esprit à percer les cieux jusqu'au bord de leurs cheveux d'ors.
Leurs ondulations étaient si douces que tu en aurais sacrifié ton âme rien que pour les écouter inonder ton coeur une minute encore.

Etaient-elles bêtes ? Etaient-elles stupides ?
Simplement cruelles ?
Rares étaient ceux revenus pour le dire aux hommes.
Rares aussi ceux qui les croyaient sans rire : elles n'étaient pas humaines.



Le mieux qu'il fut permis d'observer furent ici ou là quelques bois de mâts chablis sortant des eaux en mains arrachées, ultimes témoins tragiques de ces marins déboussolés, perdus aux cros des récifs maudits ou emportés dans l'extase noyade d'un dernier rêve, d'une dernière seconde que personne jamais ne saura te raconter.


Certains jours, certaines nuits, est-ce le vent qui pleure ? on entend parfois leurs chants lisser l'air du ciel jusqu'aux étoiles en un frisson qui te coule entier et te raidit dans ta respiration apeurée de son propre bruit, de son propre soulèvement, tandis que leurs chemins continuent par tes pieds les milles fibres de l'eau, jusqu'aux lacs d'altitudes, avalant les nuages pour des contrées récéptives à la folie des veines d'errances. L'autre à côté de toi te dira du même effroi qu'il cru entendre dis mille âmes gémir ensemble dans l'infini des limbes.

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